Point clé
- Contrairement à une idée reçue, lorsqu’elles font l’objet de violences sexistes et sexuelles par leurs collègues, supérieurs hiérarchiques, professeurs ou camarades de cours, les personnes victimes vont toujours réagir, que ce soit verbalement, physiquement mais aussi psychiquement
Les propos et les comportements à connotation sexiste ou sexuelle, répétés parfois au quotidien sur le lieu ou à l’occasion du travail, subis par une personne qui ne les désire pas, vont la faire réagir d’une manière ou d’une autre. En se penchant sur leurs témoignages, nous pouvons identifier leurs réactions, celles-ci constituant un faisceau d’indices graves et concordants permettant de reconnaître les faits.
Des réactions diverses
Les personnes victimes peuvent :
- Garder le silence dans l’espoir que le harceleur se lasse, qu’il finisse par comprendre qu’elles ne sont pas intéressées ou parfois parce qu’elles sont sidérées par les violences ;
- Replacer les conversations sur un terrain professionnel ; rester polies pour ne pas froisser ;
- Répondre sur le même registre pour tenter de se mettre sur un pied d’égalité ;
- Se défendre physiquement en le repoussant ou en lui donnant un coup ;
- Opposer un refus ferme au harceleur, lui intimer de cesser son comportement.
Cette réaction n’est pas simple notamment lorsqu’il s’agit d’un supérieur hiérarchique ou d’une personne que la victime pense susceptible d’avoir une influence sur ses conditions de travail. Elle peut craindre à juste titre des représailles professionnelles qui prennent souvent la forme d’agissements de harcèlement moral (intimidations, humiliations devant les collègues, ton autoritaire, reproches sur le travail, etc.) - Mettre tout en œuvre pour éviter au maximum le harceleur. C’est ce qu’on nomme les stratégies d’évitement, stratégies qui peuvent être repérées par des collègues ou d’autres témoins qui n’assistent pas par ailleurs aux propos et comportements sexuels.
Les stratégies d’évitement les plus courantes
Les stratégies repérées dans les récits des personnes victimes sont les suivantes :
- Changer sa manière de s’habiller (porter des foulards, des cols roulés, des pantalons plutôt que des robes), de se coiffer, de se maquiller, adopter une posture fermée.
Il est important de comprendre que les personnes victimes, qui ne parviennent pas à faire cesser les agissements d’un harceleur, n’ont, de ce fait, du pouvoir que sur elles-mêmes. Elles peuvent penser qu’en modifiant leur apparence, en s’effaçant, elles seront moins désirables pour le harceleur et qu’il arrêtera. Or, le harcèlement sexuel n’est jamais une question de désir mais de domination. - Changer ses habitudes sur le lieu de travail. Elles peuvent modifier leur itinéraire afin de ne pas croiser la personne dans les transports publics, ne plus prendre les mêmes couloirs ou l’ascenseur. Elles peuvent également cesser de venir aux temps conviviaux avec le service comme les pauses cafés, les déjeuners ou les apéritifs après le travail.
- Demander à des collègues de ne pas la laisser seule dans les locaux, de l’attendre pour quitter le lieu de travail.
- Demander à changer de planning, d’horaires, de directeur de thèse, de travaux dirigés, etc.
Conséquences des violences sur la santé des victimes : réagir en somatisant
Les personnes victimes subissent souvent des atteintes sérieuses à leur état de santé et à leur personnalité. Celles-ci prennent différentes formes :
- troubles du sommeil tels que difficultés d’endormissement, insomnies, cauchemars ;
- troubles de l’alimentation avec perte ou prise de poids parfois importante ;
- syndrome dépressif avec notamment perte d’énergie pour accomplir ses tâches professionnelles ;
- développement d’un sentiment de peur, boule au ventre en se rendant au travail, reviviscences traumatiques, crises d’angoisse, hyper-vigilance avec difficultés de concentration ;
- maux de tête, maux de ventre, développement de maladies de la peau et de la sphère gynécologique ;
- perte de confiance en soi, auto-dévaluation, isolement de la communauté de travail ou d’études, irritabilité voire agressivité, impact sur la vie sociale et familiale.
Sources
- Guide à l’attention des employeurs, AVFT, 2018
- Violences et rapports de genre, Enquête sur les violences de genre en France, sous la direction de E. Brown, A. Debauche, C. Hamel, M. Mazuy : https://books.openedition.org/ined/14719
- Repères 2023, page 17 sur les VSS : https://www.ove-national.education.fr/wp-content/uploads/2024/03/OVE-BROCHURE-REPERES-CDV2023.pdf
- http://agressionsexuellemontreal.ca/violences-sexuelles/agression-sexuelle/impacts-et-consequences
- Enquête de l’observatoire de la vie étudiante, Repères 2020 : https://www.ove-national.education.fr/wp-content/uploads/2021/01/Brochure_Reperes_2020-janvier-2022.pdf