Points clés
- Les étudiant·e·s/usage·ère·s sont jugé·es en première instance par la section disciplinaire de l’université émanant du conseil académique et, en appel, par un tribunal administratif
- La procédure disciplinaire aboutissant éventuellement à une sanction, doit être engagée dans un délai de 3 ans à compter de la date à laquelle l’administration a connaissance des faits constitutifs de la faute de l’usager·ère. L’action pénale interrompt ce délai
- La sanction disciplinaire est différente de la sanction pénale ; elles peuvent se cumuler
Définition
Une sanction disciplinaire est une mesure prise à l’encontre d’un·e usager·ère qui a commis une faute et violé les obligations auxquelles il ou elle est tenu·e en vertu du Code de l’éducation. Les complices peuvent également être poursuivis.
La sanction est prise à l’issue d’une procédure disciplinaire
Après l’enquête administrative, le·la président·e d’université peut convoquer le Conseil académique constitué en section disciplinaire afin d’engager la responsabilité de la personne mise en cause. Cette section apprécie les faits qui lui sont soumis, détermine s’ils sont fautifs et le cas échéant prononce une sanction.
Quelle sanction ?
L’article R. 811–36 C. éduc. fixe la liste des sanctions applicables aux usagers des établissements publics d’enseignement supérieur :
- L’avertissement ;
- Le blâme ;
- La mesure de responsabilisation définie au II ;
- L’exclusion de l’établissement pour une durée maximum de cinq ans. Cette sanction peut être prononcée avec sursis si l’exclusion n’excède pas deux ans ;
- L’exclusion définitive de l’établissement ;
- L’exclusion de tout établissement public d’enseignement supérieur pour une durée maximum de cinq ans.
En application des dispositions de l’article R. 811–38, lorsque la commission de discipline adopte une sanction qui est susceptible de rendre applicable une précédente sanction assortie du sursis, il lui appartient aussi de prendre une décision concernant la révocation du sursis qui accompagnait cette précédente sanction : elle doit ainsi décider de révoquer ou non le sursis accordé antérieurement accompagnant la première sanction. Si elle décide de le révoquer, elle doit indiquer si cette révocation est totale ou partielle.
Quelle sanction pour quel fait ?
Il n’existe pas de table de correspondance entre faute et sanction. Chaque fait fautif, matériellement établi, est analysé en tenant compte du contexte dans lequel il a été commis.
Toutefois, la sanction doit être proportionnée à la gravité de la faute commise et le Conseil d’État y veille. Selon sa formule, « Si le choix de la sanction relève de l’appréciation des juges du fond au vu de l’ensemble des circonstances de l’espèce, il appartient au juge de cassation de vérifier que la sanction retenue n’est pas hors de proportion avec la faute commise et qu’elle a pu dès lors être légalement prise ». Une sanction peut être « Hors de proportion » en raison de sa sévérité ou de sa faiblesse. Ainsi, dans un arrêt du 30 décembre 2022 (n°465304), le Conseil d’État a‑t-il censuré une décision du CNESER (concernant un enseignant) qu’il a jugée trop légère en considération des faits en cause.
Notification de la décision de la section disciplinaire
Le président de la section disciplinaire notifie la décision à la personne contre laquelle les poursuites ont été intentées (« par tout moyen permettant de conférer date certaine »), au·à la président·e de l’université et au·à la recteur·trice de région académique. Les plaignant·e·s et les personnes qui ont témoigné sont exclu·e·s de ce droit à notification…
La sanction prend effet à compter du jour de sa notification.
Par ailleurs, la notification doit mentionner les voies de recours et les délais selon lesquels la décision peut être contestée (art. R 811–39 C. éduc.).
Publicité de la sanction
L’article R 811–39 C. éduc. fixe les règles relatives à la publicité donnée à la sanction.
« La décision est affichée à l’intérieur de l’établissement. La commission de discipline peut décider que cet affichage ne comprendra pas l’identité de la personne sanctionnée. »
NB : La publicité des sanctions prononcées à l’encontre des usager·ères est différente de celle prévue pour les enseignant·e·s.
Recours contre une sanction
Depuis la réforme introduite par la loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique et son décret d’application, ce sont les tribunaux administratifs qui sont chargés de contrôler la légalité des décisions administratives émanant des commissions de discipline.
Le recours doit être introduit dans un délai de deux mois à compter de la notification de la décision. Il n’est pas suspensif, c’est-à-dire que la décision disciplinaire est immédiatement applicable. L’usager·ère peut cependant engager une procédure d’urgence, dite de référé-suspension devant le juge des référés (article L. 521–1 du code de justice administrative).
Le Conseil d’État est ensuite le juge de cassation.
Durée de l’inscription de la sanction dans le dossier personnel de l’usager·ère
Les sanctions disciplinaires sont inscrites au dossier de l’usager·ère sanctionné·e. L’avertissement, le blâme ainsi que la mesure de responsabilisation sont effacés au bout de trois ans si aucune sanction n’intervient pendant cette période.
Dans le cas où une mesure de responsabilisation est prononcée comme alternative à une sanction et est exécutée par l’usager·ère, seule cette mesure est inscrite dans son dossier. Elle est effacée au bout de trois ans si aucune sanction n’intervient pendant cette période.
Sources
- Article R 811–10 à R 811 Code de l’éducation
- La jurisprudence citée
- Loïc Tanty, Les sections disciplinaires compétentes à l’égard des usagers du service public de l’enseignement supérieur : perte du caractère juridictionnel, RFDA 2023 p.885
Voir aussi
- Faute disciplinaire
- Section disciplinaire
Pour aller plus loin
- CPED, Guide Violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, accompagner les suites d’une sanction et la réintégration dans l’établissement. Définitions, bonnes pratiques, pistes d’actions et perspectives de travail, 2023
- DGESIP, Guide procédure disciplinaire à l’égard des usagers, mars 2021.
https://services.dgesip.fr/fichiers/Guide_PROCEDURE_SD_USAGERS_mars21.pdf